Comme des brebis qui n’ont pas de berger – prédication confinée du 15 novembre 2020

15 novembre 2020

Jésus parcourt la Galilée ; le Sauveur parcourt son peuple… Il enseigne, il prêche, il guérit, il relève.

La Parole de Dieu promettait sa venue, et le voici… Le voici pour sauver son peuple, pour le guérir du péché et de la mort, pour le relever du néant à la création de Dieu.

Jésus regarde son peuple, les foules qui viennent à lui, et il en a compassion, car elles sont lasses et abattues, comme des brebis qui n’ont pas de bergers. (Matthieu 9.36)

 

Jésus a compassion… Avoir compassion signifie : souffrir avec. Souffrir de ce dont l’autre souffre.

En Jésus, Dieu vient subir l’épreuve de son peuple ; sa lassitude et son abattement. Sa lassitude, parce que la promesse qu’il porte en lui se refuse à lui, interminablement ; son abattement, parce qu’au lieu du bonheur promis, il n’y a que violence et souffrance.

Dieu révèle en Jésus que la souffrance de son peuple est la sienne. Qu’il n’est pas celui qui la lui inflige, mais celui qui la subit, avec les siens. En Jésus, Dieu révèle qu’il souffre du péché qui nous a infectés, détournés de son amour, précipités dans la mort ; l’épuisante et désespérante fatalité de la mort.

Dieu a compassion ; Dieu souffre avec nous l’épreuve de notre péché. Pourquoi ? Parce qu’il nous aime. Parce qu’il est amour, et parce que l’amour ne peut renier ses enfants, ne peut être impassible à leur douleur. Parce que Dieu est amour, il souffre ce que nous souffrons ; mais plus encore que souffrir avec nous, il vient en Jésus souffrir pour nous ; mourir pour nous, pour nous guérir du péché et nous délivrer de ses violences et de la mort. La compassion de Jésus, c’est sa souffrance et sa mort à la croix. Sa croix pour nous offrir sa victoire ; pour qu’en nous la lassitude guérisse en espérance, et l’abattement en joie.

Et devant Jésus, devant le salut de Dieu qui vient, son peuple est comme des brebis sans berger

L’image en dit long sur la situation, la condamnation d’Israël, et du monde entier… Y a-t-il un animal plus vulnérable qu’une brebis ? Des brebis sans berger sont des brebis condamnées, condamnées à s’égarer, se disperser, pour être rapidement dévorées par un prédateur…

Les hommes séparés de Dieu par le péché sont dans la même situation : livrés sans défense au prédateur qui les dévore, immanquablement. Fatalement.

Et puis, des brebis sans berger ne savent pas où elles vont ; leur marche n’a pas, n’a plus de sens. Quand bien même elles se savent à la recherche du bon pâturage, elles ne peuvent s’y rendre par elles-mêmes. Elles sont perdues, désemparées.

De même, la vie humaine sans Dieu est une vie privée de sens ; une vie sans autre sens que survivre, en mangeant ce qui se présente, jusqu’à être soi-même avalé par la mort.

Pourtant, ce peuple que Jésus regarde a un berger ! David lui-même le célébrait, au Psaume 23 :  L’Éternel est mon berger, je ne manquerai de rien ; Il me fait reposer dans de verts pâturages, il me dirige près des eaux paisibles ; Il restaure mon âme, il me conduit dans les sentiers de la justice… Tout va bien ! Mais… ce berger, où est-il ?

Il est vrai que Dieu a donné à son peuple un berger, on pourrait dire « par délégation », en la personne de Moïse, et un chemin à suivre, un sûr chemin vers l’accomplissement de sa promesse, de la promesse de vivre, libérés du prédateur… Ce chemin, c’est la loi donnée à Israël dans le Sinaï : Je te commande, proclame Moïse à son peuple, d’aimer l’Éternel, ton Dieu, de marcher dans ses voies et d’observer ses commandements, afin que tu vives et que tu multiplies, et que ton Dieu te bénisse dans le pays où tu vas entrer pour en prendre possession. (Dt 30, 16)

Ainsi, pour Israël, aimer Dieu, c’est obéir à Dieu. Obéir à l’exigence de perfection que la loi lui impose. Exigence résumée par Jésus lui-même : Tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et tu aimeras ton prochain comme toi-même… (Mt 22.36) Autrement dit : Que toute ta vie ne soit qu’obéissance à Dieu ; que toute ta vie soit pour faire ce que Dieu veut, et non pas ce que tu veux ; et que toute autre vie soit à tes yeux aussi précieuse que la tienne ; même la vie de ton ennemi, ajoute encore Jésus ! (Mt 5.44-48) Alors vous trouverez les verts pâturages et les eaux paisibles ; alors le royaume des cieux s’ouvrira devant vous…

Qui ne resterait sans voix, muet, pétrifié face à une telle exigence ? Quant aux bergers d’Israël, Moïse et les prophètes qui lui ont succédés, que pouvaient-ils sinon rappeler à la loi, répéter l’exigence que nul ne pouvait observer, autrement dit : répéter la condamnation que tous ne pouvaient que subir.

C’est pourquoi Moïse, un jour, pria ainsi : Que l’Éternel établisse un homme sur mon peuple, qui les fasse sortir et entrer, afin que le peuple de Dieu ne soit pas comme des brebis qui n’ont pas de berger (Nb 27.17) ; Et c’est pourquoi le prophète Michée déclara : J’ai vu tout Israël disséminé (par l’ennemi) sur les montagnes, comme des brebis qui n’ont pas de berger… (1 R 22.17) Et Dieu dit : Ils n’ont pas de Seigneurs…

Moïse déclarait qu’il n’était pas le véritable berger de son peuple. Et à travers Josué qui allait lui succéder, c’est Jésus qu’il annonçait comme celui qui ferait entrer son peuple dans la promesse accomplie (Josué et Jésus sont en hébreu le même nom, qui signifie « Dieu sauve »). Michée, lui, prophétisait qu’aucun roi d’Israël ne pourrait sauver son peuple, quelle que soit son ardeur au combat. Car aucune violence ne peut vaincre la violence, ni aucune armée vaincre la mort ! David, le guerrier par excellence, le savait, et c’est pourquoi il confessait en Dieu le seul véritable berger…

Ce qu’enseigne la loi de Moïse au peuple d’Israël, et à travers lui à toutes les nations, c’est que nul ne peut se sauver lui-même, que nul ne peut vivre sans Dieu… Ou bien, qui pourra dire : « Je suis sans péché, impeccable, toute ma vie n’est qu’obéissance à l’amour ! », et ainsi, atteindre la promesse, échapper à la mort et s’élever jusqu’à Dieu ? Personne, bien sûr. Ce que dit la loi, c’est afin que toute bouche soit fermée, et que tout le monde soit reconnu coupable devant Dieu. (Ro 3.19)

 

Nul ne peut, sans Dieu, donner un sens à sa vie. Tous ne peuvent que tourner en rond, en attendant d’être dévorés par le prédateur. Sans Dieu, la vie n’a d’autre sens que la mort.

Telle est devant Jésus la situation, la perdition d’Israël et du monde entier. Certes, Israël connaissait Dieu, mais pouvait-il en bénéficier ? Car pour Israël, connaître Dieu, c’était connaître son péché et subir la condamnation prononcée par la loi… Pour Israël, connaître la promesse, c’était connaître et subir son incapacité à l’atteindre, à la réaliser ; si ce n’est en attendant, en appelant le Messie, le berger chanté par David… Oui, Dieu a donné, a infligé la loi pour que nous en appelions au Seigneur. Notre perfection, c’est le Seigneur ! Sa compassion, son obéissance et sa victoire.

Car les prophètes d’Israël n’ont pas fait qu’asséner la condamnation… Ils ont annoncé la libération ! Moïse annonce le véritable berger, Michée le véritable Seigneur ; et David le célèbre comme s’il était déjà là… Il me conduit dans les sentiers de la justice, il est ma justice ! proclame-t-il, lui qui savait pourtant combien il était pécheur, et combien il avait à redouter la justice de Dieu, la justice selon la loi… Mais ce que David annonçait et célébrait déjà, ce n’était pas la loi ; c’était la grâce. C’était le Dieu qui viendrait lui-même dans l’ombre de la mort chercher ses enfants et les ramener à la lumière…

Mais ce bon berger, David ne pouvait pas encore le nommer… Il est ma justice, dit-il, à cause de son nom. Ce nom que David célébrait déjà sans le connaître encore, nous le connaissons, parce qu’il est venu à nous, parce qu’il est venu nous chercher : c’est le nom de Jésus. Il voit son peuple, perdu, errant comme des brebis (Ésaïe 53.6), ne sachant plus pourquoi vivre, comment vivre, et il dit : Je suis pour vous le bon berger. Le bon berger qui donne sa vie pour ses brebis. (Jean 10.11) Le Fils de Dieu qui se livre au prédateur, pour nous en délivrer… Semblable à l’agneau qu’on mène à la boucherie, à une brebis muette devant ceux qui la tondent, il n’a pas ouvert la bouche (Ésaïe 53.7), pour que nos bouches proclament son salut et sa louange !

Il dit aussi : Je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et sortira et trouvera des pâturages. (Jn 10.9) Les verts pâturages et les eaux paisibles du baptême… Moïse annonçait un homme qui ferait sortir et entrer son peuple ; voici cet homme en Jésus : il est la porte pour passer de la mort à la vie, pour entrer dans le salut et sortir de la perdition, la porte ouverte du royaume, la promesse accomplie. Parce qu’il est le Dieu qui est amour ; le Dieu qui a compassion ; non pas le Dieu qui condamne les pécheurs, mais le Dieu qui sauve ses enfants. Le Dieu de la grâce. Le Dieu qui enlève le péché du monde. (Jn 5.24 ; 1.29)

 

À ceux qui sont fatigués et chargés, parce que le monde ne cesse d’être dur ; à ceux qui sont las et abattus de ne plus espérer… À ceux que la vie déçoit ou accuse, sans recours… À ceux qui sentent perdus, qui ne voient plus de sens, qui ne savent pas où aller, qui ne comprennent pas où ils vont… À ceux-là, dont nous étions, dont tu es peut-être, nous pouvons témoigner : N’aies pas honte de toi, n’aies pas peur de Dieu ; il n’est pas ton juge, mais ton sauveur. Il est Jésus-Christ, le bon berger. Laisse-le venir à toi, confie-toi en lui, écoute le, et tu trouveras le sens de ta vie. Tu sauras d’où tu viens et où tu vas, en vérité. Tu entendras ton Père se réjouir et s’écrier : Mon enfant que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !  Il habite à nouveau l’œuvre éternelle de mon amour. (Luc 15.32)

Nous aussi, nous étions comme des brebis errantes, mais maintenant, nous sommes retournés vers le berger et le gardien de notre âme ! (1Pi 1.25)

 

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